Déchets, changez de style !
Du 20/12/2022 au 31/01/2023
Le gaspillage alimentaire et les emballages plastiques qui dévastent les mers, entre autres, ne sont pas une fatalité. Avec de la motivation et du bon sens, que l’on soit un particulier, une entreprise, une collectivité, chacun peut avancer sur le chemin du zéro déchet. Déjà engagé sur cette voie, le réseau Biocoop propose des solutions à qui veut le suivre.
Par Marie-Pierre Chavel
Face aux défis environnementaux et à la pénurie de denrées, certaines personnes bien placées distribuent des aides financières, d’autres proposent d’augmenter la production agricole…
Quelques voix tentent aussi de se faire entendre pour rappeler que la réduction du gaspillage est l’une des premières mesures à adopter.
En France, ce sont 10 millions de tonnes de nourriture qui sont gâchées chaque année.
Pour limiter ces pertes et l’énorme pollution, notamment des océans, liée aux emballages, il existe déjà un arsenal de lois. Elles vont dans le bon sens mais pas assez vite ni assez loin, selon Alice Elfassi, juriste chez Zero Waste France. Elle regrette notamment un manque de moyens pour contrôler et sanctionner les infractions.
« Après la Fête de la musique, en juin, Paris était recouverte de gobelets en plastique pourtant interdits à la vente depuis janvier 2021 », dit-elle en exemple, sans reporter la responsabilité sur les consommateurs. Au contraire, son association plaide pour « des politiques publiques ambitieuses et des changements de modèle des entreprises » afin de soutenir les particuliers dans leur démarche zéro déchet.
Gaspillage à tous les étages
Pour le ministère de la Transition écologique, 32 % du gaspillage alimentaire se fait en phase de production, 21 % lors de la transformation, 14 % dans la distribution et 33 % est imputé aux consommateurs, soit 30 kg/pers./an dont 7 kg de denrées encore emballées.
À chaque fois, ce sont des ressources naturelles prélevées et transformées inutilement, avec ce que cela génère de dépenses énergétiques et de pollution, sans compter le coût en temps et en argent, qui partent en fumée.
En inventant l’emballage plastique pour protéger l’aliment, la seconde moitié du XXe siècle pensait réduire le gaspillage, notamment dans la distribution et chez les consommateurs. Raté ! Il s’est encore développé, et avec lui les déchets en plastique.
Aussi, pour pouvoir continuer à vendre des produits qui font de plus en plus de kilomètres du champ à l’assiette, l’agro-industrie s’intéresse désormais au plastique recyclé. Mais tous les plastiques ne se recyclent pas encore.
Quand c’est possible, c’est via des processus industriels gourmands en énergie et ce n’est pas à l’infini. Le plastique est forcément un déchet à un moment ou un autre. Le recyclable n’existe que parce qu’il y a du jetable et il n’encourage pas l’utilisateur à faire évoluer ses habitudes.
Alors, ce n’est pas une bonne idée de recycler ? « Si, mais seulement en dernière solution, quand il n’y a pas d’autres choix », répond Hélène Person, responsable Marque et Innovation chez Biocoop.
Le top de l’anti-gaspi
Des solutions, Biocoop a commencé à en apporter dès sa création pour éviter le gaspillage et les déchets. Le vrac par exemple. Après les produits de base, céréales, sucre, farine… des premiers temps, les silos, boîtes et bidons se multiplient avec des contenus de plus en plus variés, voire étonnants.
« Nous avons été les premiers à proposer du vrac liquide au début des années 2010 », se souvient Hélène Person, citant les produits d’entretien, d’hygiène corporelle, les huiles et vinaigre, le vin, le shoyu…
Aujourd’hui, le vrac représente 600 références parmi lesquelles figureront prochainement la moutarde et la confiture. Les magasins puisent dans ce catalogue en fonction de leurs possibilités (de place notamment). Le vrac, c’est le top de l’anti-gaspi : on achète la juste dose en limitant l’emballage. « Zero Waste France souhaite qu’il se développe aussi dans le commerce conventionnel, reprend Alice Elfassi. Mais les bio y ont toujours été plus sensibles, alors que c’est complexe, ça engendre des coûts, de la manipulation. »
La consigne du verre pour réemploi, et non pour recyclage, est une autre solution zéro déchet. À l’inverse du plastique, le verre se recycle à l’infini. Mais pour ça, il faut le soumettre à des températures allant jusqu’à 1 500 °C. Alors que si on réutilise les bouteilles (de bière, vin, limonade…) et les pots, après lavage, le verre peut retrouver son usage initial 20 à 50 fois de suite sans dépense énergétique excessive.
Quand c’est dans une même région, selon le modèle adopté et développé dans le réseau Biocoop, c’est aussi moins de transport ! Un système gagnant qui fonctionne si chacun joue le jeu, du fabricant qui choisira un contenant réemployable par sa forme standard et sa robustesse, au consommateur qui devra le rapporter dans un point de collecte.
Opportunité d’innovation
Encore une idée de nouvelle attitude à adopter ? La recharge.
Plutôt que de racheter régulièrement un bidon de lessive ou de shampooing, on peut venir remplir l’ancien en magasin.
Avec le dentifrice, c’est d’autant plus pertinent que l’emballage est très important par rapport à la quantité de produit, fait remarquer Hélène Person. Dans son service, on pense l’innovation à travers la règle des 5 R.
Et on conçoit des nouveautés en utilisant par exemple des « coproduits », résidus de la fabrication d’autres produits, qu’habituellement on ne réutilise pas. Comme l’eau d’olive, issue de la fabrication de l’huile et mise à la place de l’eau dans une gamme pour bébé à marque Biocoop.
Ce concept innovant que Biocoop entend utiliser de plus en plus suppose de trouver des coproduits en quantité et en qualité suffisantes. Pas toujours facile ! Chaque changement de pratique demande du temps afin de lever des obstacles.
« Pour proposer des biscuits en vrac, illustre Hélène, il nous a fallu retravailler des recettes, pour une meilleure conservation. » Mais réduire ses déchets peut parfois être simple : quand elle n’en fait pas don à des associations, la plateforme Grand-Ouest de Biocoop donne ses fruits et légumes invendus à des industriels qui en font des jus ou des pâtes de fruits, ou pour aromatiser des bières (écorce d’orange).
En 2021, plus de 8 t de produits ont évité la poubelle. Des initiatives similaires existent dans les magasins du réseau.
« Par rapport aux volumes de produits vendus et contrairement à la grande distribution, il y a peu de gaspillage sur nos plateformes et dans nos magasins, explique Carole Ceaux, responsable RSE de Biocoop. Historiquement, il y a toujours eu des solutions de valorisation. C’est dans l’ADN des sociétaires. »
Ça c’est Biocoop !
• Vrac :
avec 600 références, Biocoop qui pèse moins de 1 % du marché de l’alimentaire représente 19 % du marché français du vrac.
• Emballage :
34 % de l’offre vendue sans emballage à usage unique en 2021. Objectif 2025 : 50 % de l’offre non emballée ou en emballage réutilisable.
• Contenants :
environ 100 références de sacs, filets, cabas, boîtes, bouteilles… réutilisables pour transporter et/ou stocker ses denrées.
• Consigne :
une quarantaine de produits en emballage réutilisable dont bière, kéfir, kombucha, limonade, vin. Plus tous ceux proposés localement.
239 magasins sont points de collecte pour le réemploi (1er juillet 2022).
Objectif fin 2023 : 100 % des magasins.
• Fruits secs :
à partir de 2023, les magasins ne proposeront plus de fruits secs conditionnés quand ils seront disponibles aussi en vrac.
• Biodéchets :
100 % des magasins et plateformes devront mettre en place une solution locale de valorisation de leurs biodéchets avant 2024 et l’obligation légale.
Retrouvez cet article en intégralité dans le n°125 de CULTURESBIO, le magazine de Biocoop, distribué gratuitement dans les magasins du réseau, dans la limite des stocks disponibles.